A Saucerful of Secrets (appelé parfois Saucerful ou S.O.S. par les fans) est le second album
studio du groupe rock britannique Pink Floyd. Il est enregistré entre 1967 et 1968 dans les studios Abbey Road
et sort le 29 juin 1968 sur le label Columbia, la production est assurée par Norman Smith.
En mai 2018 Nick Mason, le batteur du groupe, reprend le nom de cet album pour monter un groupe live
intitulé Nick Mason's Saucerful of Secrets qui reprend tout le répertoire des Pink Floyd avant l'album The Dark Side of The Moon.
Contexte
C’est la dernière participation, et de manière limitée, de Syd Barrett à Pink Floyd.
Dès le milieu de 1967, il est sous l’emprise des nombreuses drogues qu’il absorbe quotidiennement, notamment le LSD :
il n’arrive plus à jouer en groupe, a de plus en plus peur de se produire en concert et ses absences répétées fragilisent
la cohésion du groupe. Les autres musiciens cherchent alors un autre guitariste pour, dans un premier temps,
épauler Barrett, puis éventuellement le remplacer.
Le premier nom à circuler est celui de Jeff Beck,
on a aussi pensé à David O'List des Nice qui a déjà remplacé Barrett en concert, mais c'est finalement
David Gilmour, originaire comme les quatre autres de Cambridge et ami d'enfance de Barrett, qui devient le
nouveau membre de Pink Floyd. Barrett joue sur les chansons Jugband Blues, Remember a Day et
Set the Controls for the Heart of the Sun. Selon David Gilmour : « En fait, ce disque a été commencé
sans moi et Jugband Blues avait déjà été enregistré dans un autre studio. C'est Syd qui joue sur Remember a day.
Nous apparaissons effectivement tous les deux sur Set the controls for the heart of the sun. J'ai joué tout le reste. »
Analyse
Le deuxième LP de Pink Floyd est un album de transition, littéralement. L’enregistrement commence fin 1967 avec Barrett
comme leader symbolique, mais de plus en plus perturbé, qui se met rapidement ses potes à dos : il leur fait des blagues pendant
les répétitions, devient catatonique pendant les concerts, se barre au milieu d’une importante session radio de la BBC et daigne
à peine bouger les lèvres pendant un play-back télé dans l’émission American Bandstand.
Fin 1967, le groupe demande à son ami musicien de Cambridge, David Gilmour, de le rejoindre. Début 1968, alors que l’album
n’est pas terminé, Barrett est officiellement écarté. Une seule de ses compositions, “Jugband Blues”, se retrouvera sur
Saucerful of Secrets (Waters en rejette deux autres – largement piratées depuis–, les envoûtantes “Vegetable Man”et
“Scream Thy Last Scream”). L’album semble enregistré à la va-vite, mais on y entend les autres membres du groupe arriver
à maturité en tant qu’auteurs de chansons. Le sommet, c’est “Remember a Day”, de Wright, sur lequel on retrouve la
superbe guitare slide de Barrett qui donne des frissons et trace une ligne de partage entre sa pop elliptique, fantasque,
et le psychédélisme plus contrôlé qui viendra plus tard, « Set the Controls for the Heart of the Sun”, de Waters, annonce
ainsi les voyages à venir vers les espaces lointains, avec ses volutes d’orgue, de vibraphone et de grosse caisse.
“Ça parle d’un inconnu qui, tout en pilotant une puissante soucoupe volante, est submergé par des tendances suicidaires
le poussant vers le soleil”, dit Waters, qui pompe en partie ses textes sur un livre de poésie chinoise.
Mais “Jugband Blues”, qui clôt le disque, en constitue le moment le plus poignant.
“I’m most obliged to you for making it clear that I’m not here” [Je vous suis très reconnaissant de bien faire comprendre
que je ne suis pas là], chante Barrett, comme s’il prenait la porte pour sortir. Le groupe ne sera plus jamais le même.
COVER-STORY
La pochette de l’album est la première collaboration entre le groupe et Storm Thorgerson
avec son agence de graphisme Hipgnosis. Celui-ci s'est inspiré d'un dessin de Marie Severin issu de Strange Tales #158 (1967)
mettant en scène le Dr Strange, héros psychédélique de Marvel. On y distingue la silhouette du
personnage sur la droite de la pochette.